Démarches et références

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UNE ESTHÉTIQUE DE LA TABLE

La cuisine est une donnée accessible par tous car elle est ancrée dans notre réalité, en ce sens qu’il nous faut manger et cultiver pour manger. Elle fait partie de ce cycle vital, et répond par l’élaboration de la nourriture à la matière nourricière et de la terre: matrice primaire et principe féminin. La recherche esthétique n’est pas une démarche qui se borne à une seule discipline, à une seule inspiration mais s’ouvre dans tous les domaines artistiques.

« Le temps du repas est donc un temps à part entière où le sensuel et l’émotionnel se mêlent intimement. ». A. B. Grimod De La Reynière

C’est ainsi qu’Alice Toklas imagine la recette comme un genre littéraire parmi les autres et invente une médiation du quotidien. Elle parle de la cuisine comme “d’un passé continu”. Tout ceci aboutit à une construction d’une esthétique de la table, se jouant continuellement des sens, mélangeant passion de l’âme et pulsions de l’estomac.

LE TEMPS DU FESTIN COMME POSSIBLE PERFORMANCE

Grimod de la Reynière désigne clairement la table comme le terrain d’une pratique culturelle à part entière et pose le temps du festin comme possible espace de performance.

À la façon d’Édouard Glissant qui prône une « démocratie de l’esthétique et l’insurrection de l’imaginaire », la gastronomie a aussi son rôle à jouer dans cette métamorphose de l’ordinaire, cet attachement décalé que peut prendre une bouchée de pain. C’est cet endroit du quotidien qui nous révèle une possible bifurcation de notre réalité, une alternance au réel. Avec ce principe, l’on s’attache à déplacer et questionner les codes de notre représentation, de notre subjectivité.

LE TEMPS D’UNE OEUVRE COMMUNAUTAIRE

L’acte du repas est le temps d’une oeuvre communautaire, empli de ces codes qui font notre quotidien. Cette envie d’émotion collective est une idée séculaire qui traverse les siècles, le besoin de partager ensemble. La cuisine à travers la recette est un trait d’union, c’est par essence l’acte de transmission. Cet héritage oral, qui, en filigrane, donne à ressentir et à transcrire l’indicible.

“L’important n’est pas ce qu’on voit, c’est ce qui se joue entre les êtres.” Tiravanija Rirkit.

La cuisine ne peut se passer de sa dimension sociale, elle est ce lien actif à travers les époques et les individus, il n’y a plus de relation raisonnée sans elle. En ce sens le repas est le tissu d’une société et aussi muable qu’elle.